Borne, une lumière pour nous guider
Je te souhaite
un ciel étoilé à contempler,
une remise en ordre dans les constellations,
– Aldeberan, Betelgeuse et Antarès sont mieux rangées que dans ta bibliothèque,
des contes qui organisent le bordel laissé
par des héros destructeurs qui se prennent pour des mythes.
Je te souhaite
des promenades dans les pas d’autres que toi
de croiser les trajectoires de ceux qui habitent là,
de les deviner sans les voir – eux ne te louperont pas –
apercevoir leurs empreintes, imaginer leurs chemins sont déjà un luxe
Je te souhaite
d’entendre la couche craquelée qui scintille
de t’enfoncer dans le velours de la neige tout juste tombée
de te couler dans le crissement de sa rondeur
quand tu avances.
Je te souhaite
une montée entre chien et loup
une arrivée à la nuit
un dernier regard aux couleurs qui se couchent
la chaleur du refuge après l’effort.
Je te souhaite
des tablées vivantes
où l’assiette est miroir des convives
variée, belle et bonne.
des repas avec le soleil dans le dos au cœur de l’hiver.
Je te souhaite
le réveil à l’odeur du pain grillé
– douce torture pour commencer ta matinée –
la première lumière du soleil sur ta tasse de thé
ta tartine sur le poêle à bois
avant le beurre et le miel doré
le temps du matin t’appartient.
Je te souhaite
la nouveauté
la vitalité
la pétillance
sans oublier les siestes, les bains de siège et le quinton.
Je te souhaite
les lectures qui t’ouvrent des horizons
qu’importent que les auteur·ices s’appellent Vita, Paul, Henning ou Kang
s’ils t’emmènent sur des territoires où tu ne serais pas allé·e seul·e
Je te souhaite
des douches chaudes après les épisodes froids
des ronflements pour te signifier que tu es entouré·e
des souris qui te rappellent à la réalité
Je te souhaite
qu’il soit toujours un peu cinq heures moins le quart
entre le goûter et l’apéro, tu fais ce que tu veux de ce moment
d’oublier l’heure et de te laisser porter par celles et ceux qui sont là.
Je te souhaite
d’imaginer ce qu’il y a derrière la porte des toilettes
au delà du panneau ne pas ouvrir
la réalité pourrait être déceptive,
surtout quand l’eau de la douche est froide
Je te souhaite
l’espace entre les mots et le thé aussi doux d’un ciel étoilé
des sentiers intérieurs aussi lumineux qu’une balade dans la neige
Je te souhaite
de revoir des visages après des années
des retrouver des oubliés
de se remémorer des absents,
– leur donner vie parmi nous, un instant.
Je te souhaite
d’en profiter
et de tout recommencer.
Anna
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