Tel est le titre que Jacques Rémy Girerd a associé, non sans malice, à la couverture du n° 103 de la Revue Etudes Drômoises. Il comprend en effet un dossier coordonné par Pierre-Antoine Landel, géographe, à l’occasion du classement des sites d’Archiane et du Rocher de Combeau, par décret en Conseil d’Etat le 25 mai 2025.
Alors que la Drôme compte 90 édifices classés au titre des Monuments historiques et 210 inscrits à l’inventaire supplémentaire, le département ne compte que 18 sites classés sur près de 6500 ha. Ce classement reste mal connu. Le dossier présenté par la revue est l’occasion de mieux le connaître à partir de textes rédigés par 10 auteurs. Après une introduction présentant une chronologie des classements intervenus dans la Drôme depuis 1911, Elodie Courtiade, de la DREAL Auvergne Rhône-Alpes, présente les particularités du site qui ont conduit à son classement, ainsi que les conséquences sur les possibilités d’aménagement et de construction.
En parallèle, Monique Orand, Maire déléguée de Treschenu Creyers nous fait part du point de vue de la commune, en soulignant en particulier l’étonnante accumulation de mesures de protection sur un même site.
En tant que géologue, Thierry Winiarski, explique la genèse du site et la formation du paysage qui y est associé. Gilbert David, naturaliste, nous emmène dans une promenade sonore, à la rencontre des oiseaux présents sur le cirque. Un texte relie l’alpage du jardin du Roi à la « grande » histoire, au travers de la présence de René Courtin, qui fut en 1944, cofondateur du journal « Le Monde ».
A partir des traces laissées sur les arbres et d’autres éléments, Pierre-Eymard Biron et Bernard Fourgous rappellent l’importance de l’activité humaine dans la genèse des paysages sublimes des hauts plateaux du Vercors. Plusieurs habitants témoignent de ce que signifie habiter un site classé. Un portrait rappelle la présence d’Ulysse Girard qui a tenu le village durant plusieurs décennies. Erik Maillefaud, qui n’a cessé d’arpenter le cirque d’Archiane et ses environs, témoigne de son attachement au site, comme le font aussi Fanny Romezin et Nicolas Vidal, pisciculteurs.
Fabrice Apere, du refuge d’Archiane ainsi que Uta Demaret, du gite de Bénevise ouvrent des perspectives d’avenir, à partir des activités de pleine nature. Au final, le dossier interroge la politique du paysage. La concentration des mesures de protection sur des sites de montagne isolés, ne cache-t-elle pas un laisser-aller généralisé sur le reste du département, marqué aujourd’hui par de profondes dégradation des paysages ?
Pierre-Antoine Landel
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